Les forêts médusées
Au bout de la nuit, il n'y a plus qu'une muraille gigantesque, des ombres et des mondes. Au bout de la nuit, les fantômes n'existent plus, des visages apparaissent et des corps flottent. Musée d'un monde, sublime et obsolète, sans alchimie, rien qui ne fourmille, rien que des débris. C'est un grand ensemble ou se mêlent quelques silhouettes étrangères rampant à terre. Il n'y a rien d'autre si ce n'est que le mystère d'un grand trou noir, un lointain souvenir. A regarder passer les nuages, c'est comme un manège sans fin. Le monde continue de tournoyer, sur lui-même, moi même. Puis les mots apparaissent, limpides et éphémères, tels des voiles de suaire, ils répondent à ceux qui chuchotent. Ce sont les mêmes qui cherchent monts et merveilles et se perdent... pourquoi ? Parce que leurs rêves se sont soudains échappés de leur mémoire, leur existence ne les a mené nulle part. Alors ils sont là, à errer, à dominer l'espace d'une existence plurielle entre deux rives, à persister au désir d'ailleurs. Les songes sont peut être trop vastes et les origines trop lointaines. Pourquoi les poursuivre sans cesse, les rechercher...Le temps, un protagoniste volatile, le fil d'Ariane virevoltant dans un sillage éloquent. Le perpétuel recommencement des choses, l'Histoire qui n'a pas de fin et le reste, où tout devient si subjectif. Le passé à une importance, indéfinissable et substantiel, il est une figure aléatoire de ceux qui apparaissent dans les doutes, au creux de la nuit. Et si le ciel se farde d'étoiles, c'est sans doute que d'autres figures cherchent cette indéfinissable chose, leur paradis perdu.