Les forêts médusées
Au moment où j'écris cet article, je suis dans les toilettes. J'ai posé mon PC sur une armoire basse et je tapote dans l'espoir qu'Aurélien ne soit pas gêné par ces petits tapotements. Mon sublime chéri révise et du coup, je tente de m'organiser comme je peux et de ne pas l'embêter ...
J'ai lu deux bouquins qui m'ont fait voyager ces dernières semaines. Un qui parle d'un monde coloré, magnifique, irréel ou presque et l'autre, plus rude, dépaysant mais bien réel. Tous deux ont quelque chose en commun: tous deux sont impénétrables.
Les Geishas, l'Afrique.
Il s'agit des livres de Robert Guillain, les Geishas et de Le Clézio, Onitsha.
Je m'intéresse de près au sujet des Geishas depuis la lecture d'un Arthur Golden et j'ai donc trouvé tout à fait par hasard ce livre de Robert Guillain, absolument sublimement bien écrit. C'est intéressant dans le sens où ce livre n'est pas une description niaise de la vie des Geishas mais plutôt une sorte d'ode à ces femmes japonaises si mystérieuses.
L'auteur était un journaliste français qui a vécu au Japon, à Tokyo, durant la Seconde Guerre Mondiale. Lui le gaijin, l'étranger, rencontra les plus belles Geishas du pays, celles qui lui ont conté leur histoire, qui lui ont laissé la possibilité d'entrer dans leur vie.
Tout est dans ce bouquin, l'histoire des Geishas, du début jusqu'aux années 80, la vie des Geishas de leur préparation intense à devenir une Geisha reconnue à la façon dont il fallait s'habiller, se maquiller, se préparer aux fêtes ... Le texte dépeint ainsi toute une société japonaise durant cette période de Guerre mais également l'après guerre, la nouvelle ère pour le monde des Geishas. On peut parler de récit puisque ce livre est un témoignage, une analyse parfaite de la Geisha d'hier et d'aujourd'hui. Hier, puisque l'auteur dénonce également la disparition de cette sublime tradition qu'il rappelle ancestrale ( une tradition qui ne se veut pas être dans la "prostitution", rappelons-le ), de quartiers d'okiyas, de geishayas également, de beaux endroits que Robert Guillain a connu magnifiques et qui sont maintenant oubliés, dormant sous la rivière.
Où que je sois
Gion mon Amour
même en dormant
j'entends toujours
sous l'oreiller
ton eau qui coule, coule, coule ...
( vers gravés sur une stèle du poète Isamu Yoshii et que l'on retrouve dans le livre de Robert Guillain.
J'ai adoré lire ce livre. J'ai aimé l'histoire qu'à bien voulu nous conter l'auteur, son histoire avec le Japon et surtout avec les Geishas, celles qui restent pour moi comme pour beaucoup de monde des créatures mystiques, divines. J'ai aimé ce livre parce qu'il se veut être une traduction d'une tradition, une peinture qu'on ne peut se lasser de regarder.
A vous dire, j'ai hâte de trouver un nouveau livre à propos des Geishas. Et hâte d'en rencontrer une un jour ... qui sait !
Un autre livre, un autre auteur, Le Clézio pour Onitsha. Je l'ai lu il y a quelques semaines et j'ai eu beaucoup de mal à le terminer. Le Clézio, par une multitude de détails, nous conte l'histoire de Fintan et Maou qui vont rejoindre l'Afrique pour y retrouver Geoffroy Allen, le père de Fintan. Fintan ne connaît pas encore l'Afrique, ni même son père qu'il n'a jamais vu et évidement, l'histoire va se dérouler autour de cette rencontre, de ces trois vies. Quant à sa maman, elle, n'a qu'un seul souhait: avoir une vie à la hauteur de ses espoirs, retrouver le père de son enfant et vivre le parfait amour avec lui. Onitsha, terre promise, terre des rêves, Onitsha, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, avant la décolonisation.
Mais les choses seront différentes: l'Afrique est une terre brûlante, assoiffée.
Ce livre est entre le conte et la poésie. L'auteur, que je lis assez souvent, détaille absolument tout du voyage des personnages jusqu'à se perdre un peu dans l'histoire. Pourtant, ce livre est beau, il y a des passages absolument magnifiques dans l'écriture du texte, des passages qu'on ne veut pas lâcher et d'autres qu'il est plus difficile à lire. Je n'ai pas vraiment d'avis sur ce livre parce qu'il est avant tout un voyage. Voyage vers une terre inconnue, voyage dans les sentiments des personnages. Je l'ai aimé sans pour autant m'y attacher. C'est le monde de Le Clézio, un monde un peu distant, imaginaire, en colère parfois aussi. C'est un monde presque réel quand j'y pense ...
Un voyage pour moi aussi. Je repars pour le Nord retrouver ma famille le temps d'une semaine, en passant par le Luxembourg que l'on a pas vu depuis des lustres ... J'ai hâte et en même temps, j'aurais bien voulu aller à la mer, la mer, la mer ... Si loin de moi.