Les forêts médusées
En ce moment, il m'est difficile de penser à quelque chose d'intéressant. J'avoue que même ce blog connaît sa période de longueurs et de trucs inutiles, futiles ou bien de choses de plus en plus " activistes ". Je suis parfois muette ou grande gueule, c'est ce qui doit faire mon charme. Mais cela étant, je trouve le temps de regarder ce qui se passe dans le monde de la musique, dans la mode côté " éthique et bio ", dans notre monde zarbi et gogole ... Oui, çà arrive que je tombe sur des choses un peu tordues parfois ( quand on cherche " chose tordue " sur le net, on tombe sur la cravate du Président, légèrement tordue, vous savez, cette façon de dire et de faire comme tout le monde, d'être normal " Je tords ma cravate moi aussi, ouais ouais. ")
Je ne peux m'empêcher de penser à mes 17 ans. Je regardais par la fenêtre, j'observais le temps, les gens, j'attendais que çà passe ou je pensais à la conclusion de ma dissertation. J'écoutais Nirvana, je passais mon temps à comprendre les paroles des Doors, à essayer de changer le cours des choses. Je prenais le temps d'aller à la piscine, je n'avais que çà à faire et puis à écrire. Je pensais à la lecture parfois mais çà m'emmerdait, alors je rêvais ... au désert, à une route sans fin. Moi seule à bord d'une belle voiture. Un truc un peu à la Las Vegas Parano ... je verrais des poissons voler dans le ciel, et des mecs étranges faire du stop là, en plein désert. C'est comme si ce rêve ne m'avait jamais quitté. Je le ferais un jour, avec ou sans Aurélien, mais je le ferais, parce que c'est inscrit sur ma liste des choses improbables pas encore écrites.
Et trouver des choses concrètes à dire à mon Papa aussi ... C'est bientôt la fête des pères et je lui ai envoyé une petite carte. Un peu brouillon et mochement dessinée, avec un poème. A 25 ans, je ne sais toujours pas comment m'y prendre pour écrire une carte à mon père. Écrire " Bonne fête Papa " c'est encore plus pathétique que d'écrire un poème alors ... Mon père, je pense souvent à lui, je me dis que c'est con que le temps passe si vite, que je ne puisse pas lui parler aussi facilement que je le voudrais. A côté de çà, je fais des cauchemars plus insensés que le monde lui même et je me dis que la signification doit se cacher parmi ces quelques lignes. Il m'est si difficile d'écrire à son sujet que j'ai stoppé net mon pavé de plus de cinquante pages. Tout cela ne rime à rien sans outils, avec l'indécision et les souvenirs un peu perdus. Perdue dans ma tête, dans mes idées folles de vouloir changer le monde et moi d'abord, changer mes habitudes ... tout est relatif, tout est difficilement négociable. Pourtant, j'ai essayé de changer les choses, je me suis "rangée", j'ai écris tous les matins avant 7h et jusque tard, j'ai profité de chaque instant. Mais il me manque un truc. Ce quelque chose que je n'arrive pas à dissocier, du bien ou du mal, une histoire effacée avec le temps sans doute.
Un jour, un professeur m'a dit que ma dissertation était un vrai puzzle. Je l'ai cru et je le crois sur parole. C'est indéfinissablement vrai. Il y a des choses qui viennent et d'autres pas, dans un sens ou dans l'autre, souvent inversement. Parfois, quand dans un entretien on me demande quelles sont mes passions, j'aimerais répondre que c'est l'écriture. Je l'ai déjà fais une fois et on m'a répondu " Vous écrivez des poèmes, un peu comme les vieux poètes qu'on ne lit plus ou vous êtes plutôt dans le mélo ? ". Les gens ne comprennent pas que quand on écrit, on le fait surtout pour soi, que c'est parfois très lourd à porter parce que chaque mot, chaque phrase à son importance et parce que çà vient comme çà ...
Alors le poème pour mon père, j'y repense.
Quand je prends le temps de m'asseoir sur un banc, à une terrasse ou même que je m'arrête en pleine rue, je me demande à quoi ils pensent tous ces gens qui passent, qui marchent vers on ne sait où. Je me demande s'ils pensent à faire les magasins tous les jours, à choisir entre le citron bio et celui d'Espagne qu'on traite de tous les noms, au commerce des armes à feu, aux personnes qui n'ont pas de toit, au chômage. Mais non, j'aimerais croire qu'ils pensent au soleil, à la vie, belle et si fragile qu'on en oublierait le temps devant nous. Ignorer l'heure, de toute façon, nous avancerons toujours, peut être dans un autre sens, peut être pas à l'identique mais nous serons toujours sur cette terre. « Oublions le temps, mais pas la lumière », c'est ce que je voudrais dire à chaque instant à mon amoureux. La lumière qui s'intensifie le matin sur les couverture, le soleil qui se reflète dans le miroir et celle dans nos yeux ...traîner le temps derrière nous et laisser entrer le soleil dans notre vie, tout le temps.
[ Je devais écrire un article plutôt musical au début ... au début. ]
J'ai quand même çà pour vous :