L'ombre incomplète

 

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                      Un jour, quelque part dans une rue. A la lecture d'un Houellebecq, je suis au bord de l'insomnie. Sans doute la sauce César de mon sandwich qui passe mal ou bien encore la chaleur. J'ai un T-shirt transparent. Les hommes ne marchent pas droit. Le monde ne tourne pas rond. Dans ma voiture, j'attends mon amoureux qui doit bientôt revenir. J'aperçois une fille que j'ai maintenant l'habitude de voir tous les lundis à 15h15. C'est la fille de 15h15, brune, typée marocaine, pantalon noir, veste verte, sac marron. Le sourire au coin, elle marche paisiblement, lentement . Je me demande d'où elle peut venir, vers où elle marche, ce qui la fait sourire. Elle à l'air perdue dans ses pensées et je me suis perdue dans les miennes. Je voudrais marcher tranquillement au cœur de la montagne, m'endormir dans l'herbe encore fraîche des alpins, n'écouter que le vent et le ruisseau qui s'écoule, doucement, tranquillement. Je n'espère rien, j'attends tout, j'invente, j'observe, je dévie. L'air est si doux. L'ombre d'une onde plane dans cet immense vague à l'âme.

 

 

                   Il y a une nuit derrière les lueurs vagabondes du temps. Il y a une nuit où tous nos secrets, nos souvenirs impérissables reposent. Les êtres y sont identiques, sans distinction. Portée en échos, la pluie répond aux insectes volants, aux préliminaires d'une lune tapie sous une obscurité totale. Plus rien ne luit. Juste une fenêtre ouverte où des ombres entrent, puis vont se refléter sur les feuilles du marronnier. J'entends la vie dehors. J'entends le silence s'étendre à l'infini. Dans mes rêves, il y a cette même nuit blafarde, un long chemin sombre bordé d'êtres surnaturels, brillants telles des lucioles. Dans une brume matinale, des insectes phosphorescents scintillent comme des phares en plein océan. Un océan de bonheur, une seule lueur ...

Mais le jour se dévoile et se replie sur les abysses rêvées. Une onde chatoyante se révèle au grand jour. C'est le mystère du jour et de la nuit, du sommeil qui me fuit.

 

 

 

                       J'aimerais percer les limites du désespoir dans le ciel qui se farde de calomnies transcendantes, de vive déchéance de celui qui traîne les pieds sur le pavé . Mutiler l'immense dérisoire, le déambulatoire. Dépêcher l'insolence, la métaphore d'une vie rêvée, irréelle, telle quel. Déclinées en diverses images, des couleurs qui nous affligent, un désarrois qui nous émeut, qui nous noie. Assez de plaintes, assez de vague à l'âme, juste le réel poursuivi par l'ascendance du pouvoir d'un rien, d'un tout, d'une carte qui dépasse le territoire. Déposer, repasser, oublier. Trouver ce qui s'en suit où se perdre...comme cette âme qui s'étend dans l'obscurité ; une ombre incomplète.

 



                      Marcher dans la rue, sur une air enjoué de saxophone. Marcher sans vraiment se soucier du temps qu'il fait, un parapluie au bras. Marcher, dans le sillage de cette musique, volatile, aérée, aérienne. Marcher une colline difficilement surmontable, sous un temps gris et maussade. Se promettre que demain sera différent, surprenant. Marcher.

 


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T
Je trouve cet article particulièrement bien écrit. Je retrouve ton style habituel et ça me fait plaisir de pouvoir lire un texte du genre qui puisse me transporter, notamment dans cette envie de<br /> marcher, simplement marcher, avec un air ambiant de quelque musique suave et chaleureuse...
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M
<br /> <br /> Merci beaucoup mon chaminou