Les forêts médusées
Je pris le passage. Tout au bout du chemin, il y avait ce point de non retour que je ne connaissais pas encore. Je contemplait un rêve éveillé, un monde parallèle ou peut-être le passé. Il y avait un peu de tout cela, paradoxalement, je m'y sentais étrangère. Dans les rues qui m'entouraient, de la musique, des bâtiments éclairés par des prismes de lumière. C'était beau, c'était grandiose. J'observais des enfants jouer et attendre sous le tendre parfum des douceurs d'enfance. Les vapeurs sentimentales couleur d'améthyste nous enveloppaient.
Les rues étaient parsemées de silhouettes nébuleuses, comme attirées par des échoppes lumineuses. Des boîtes de verre leur révélaient alors tous les possibles, leurs offraient besoins et consolations. Pour admirer toutes ces créations fascinantes, je franchissais une haute vallée surplombant une église parsemée d'étoiles lumineuses. Le lieu était comme habité, une sérénité profonde m'envahit. J'étais partis seule sur ce chemin, j'étais maintenant accompagné par toutes ces lumières, ces astres parallèles. Pourtant, il me fallait reprendre la route, je ne pouvais pas rester dans ce lieu étranger. Des navettes de « non-retour » assuraient le passage. Des vaisseaux comme des luges traversant le vent, la nuit et les dunes d'un monde enseveli en moi. La paix était revenue, en mon âme et dans tous ces corps que je traversais dans la lumière.