Les forêts médusées

Carte mémoire et mémoire secrète

Carte mémoire et mémoire secrète

J'ai oublié qui j'étais. Sur cette pierre glissante, j'ai posé ma mémoire, mes souvenirs et jamais ne les ai rattrapé. Ils ont fini par sombrer, disparaître tout au fond de l'océan. Les lames grises les ont emporté, disloqué. J'y avais mis mes vaisseaux, mon sang, ma peau toute entière. Mes entrailles affaiblies, tourmentées par de longs silences, j'avais marché jusqu'ici et le reste, je ne sais plus. Il y avait cette immense lumière. Le ciel était tourmenté. Veiné de substances incandescentes. Irrigué de toute beauté des âges. J'avais vu ses limites, ses habits de lumières qui, par ailleurs, venaient étreindre les rochers. Mes pensées s'en imprimaient déjà, le rouge, l'orange, le pourpre tout là bas, le noir en dessous. La nuit. J'avais photographié le monde avant qu'il ne s'épuise. J'avais laissé cela sur le sable, rougir au soleil, par dessus les nuits infinies, j'avais oublié ces images. Elles s'étaient enflammées, poussées par les vents ondoyants, bercées par les temps. Les petits grains dorés dansaient autour de moi et les couleurs s'épuisaient. 

Je me souviens.

Des histoires courtes, des étoiles qui meurt pourtant. Je me souviens lui avoir dis que je l'aimais, à jamais. D'autres terres le lui diront, longues de tous secrets et enfouies sous les lueurs des âmes bercées. Elle comprendra, les nuits la retiendront. Elle m'imaginera, seul et entier, le sang agité.

Les vagues sont ourlées de rêves à présent.

Je me souviens.

 

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