Les forêts médusées
Sous le tilleul qui sent bon dans le silence de ce jour qui tombe. Un jour ou le monde s'était enfin arrêté. Parfums de saison, bleu, jaune, vert, parfum des airs. Dans les allées du temps, comme cette évidence, incommensurable avec la matière, les silences qui s'étreignent à présent. Il fait bon oublier qui l'on est, écouter le chant des âmes qui dorment.
Là, aux pieds du monde qui aspire et aspire encore nos mémoires, nos sombres hivers ensevelis sous la terre. Il y avait un homme ici, un vieil homme, qui jadis contemplait la terre et y lisait les ombres des arbres qui dansent. Il tournait, tournait comme cela, et ondulait dans les herbes hautes en chantant des poèmes imaginaires à des esquisses du temps. Les pierres aussi semblaient chanter parfois, au murmure du vent qui s'évanouissait dans leur immense callosité. Le vieil homme se souvenait, s'imprégnait des légendes d'autrefois et se transportait dans un monde jadis devenu immensément froid. Il n'y avait pas d'autres terres. Il n'y avait que des êtres immenses et décadents à la blancheur immaculée, au front froid et aux pieds d'ogres. Ces choses happées dans le silence des temps qui dansent divergeaient de plaines en plaines, d'immenses océans de glaces à perte de vue. Se peut-il qu'il y eut une seconde vie ici ?
Le vieil homme était scellé à la terre de cette manière. Il racontait le monde à sa façon, ce qu'il voyait ou pensait n'avait pas d''importance. Il disait se nourrir de l'univers, de la matière ; il disait que le monde des silences est bien plus profond lorsque le tilleul parfume nos rêves égrainés.
Picture: ceci n'est pas un tilleul, je n'en avais pas dans ma base de données !