Les forêts médusées
Nous sommes en 2017 et les femmes dites 'aventurières', ces Indiana Jones au féminin semblent d'une autre ère. Où peut être bien que non ?
Un livre a attisé mon regard dans le rayon d'une librairie il y a peu : Elles ont conquis le monde, de Alexandra Lapierre et Christel Mouchard, sous-titré « Les Grandes Aventurières 1850-1950 ». Le livre comportait cette incroyable photographie monochrome d'Osa Johnson sur un zèbre, image même que l'on se fait d'une aventurière du début du XXème siècle ?
J'ai voulu en savoir un peu plus sur ces femmes qui ont conquis le monde, ces femmes si mystérieuses, captivantes et dont les récits dépassent largement les frontières.
L'aventure, c'est la curiosité du monde, la quête de vérité et la désobéissance, écrivent les auteures féminines de ce livre. Désobéir aux codes de la fin du XIXème jusqu'au XXème siècle ( et encore aujourd'hui, non?) qui veux que les femmes soient de bonnes épouses, aient des enfants etc … Pourtant, certaines femmes souhaitent se distinguer, s'émanciper. Elles sont botanistes, ethnologues, géographes … elles sont surtout en mesure de démontrer à tout à chacun ce qu'une femme peut réussir à faire, à vivre, à aller de l'avant et découvrir, comme les hommes, ce que le monde a à nous offrir. Ce sont des femmes qui, lassées de leurs corsets, rêvent et désirent découvrir le monde. Alors elles partent, elles entraînent parfois leur amour dans leurs aventures, vers d'autres horizons que personne ne connaît encore, vers d'hostiles territoires.
En exemple, l'aventurière hollandaise Alexandrine Tinne ( 1835 – 1869 ), dont l'histoire m'a profondément inspiré dans ce livre ( et qui a également inspiré les auteures puisque ce passage est plus long que pour d'autres aventurières).
Alexandrine Tinne est née dans une noble famille, elle a une fortune immense et porte le corset lors de ses expéditions. Fidèle à son ombrelle, elle va se lancer dans un voyage aux sources du Nil, celui-ci sera un échec. Pourtant, cette femme courageuse, traversant de nombreuses épreuves comme la perte de ses proches lors d'un voyage, continuera son chemin, accrochée plus que tout à ses désirs, sa rage de fuir la tranquillité d'une vie royale. Alexandrine repart en Afrique, vers Tripoli, au-delà des terres Touaregs, des déserts de sable avec toute son expédition. C'est dans ces déserts hostiles qu'elle perdra la vie, elle, la Sultane Blonde dont la fin tragique est digne d'un grand roman d'aventure.
Au-delà du récit, de l'image que l'on peut se faire d'une grande aventurière comme Alexandrine Tinne, il y a cette soif de Liberté qu'ont eu les femmes depuis toujours, cette soif de l'ailleurs qui guide parfois la vie, les mènent vers un besoin existentiel de savoirs, de connaissances et d'émancipation. Si ces femmes avant 1850 partaient pour des contrées sauvages, c'était non plus pour fuir leur famille, leur mari, mais aussi pour s'inscrire dans le temps, marquer de leurs pas sur le sable la trace de leur passage.
Et aujourd'hui ?
Aujourd'hui les femmes continuent leurs périples, peut être pas à dos de zèbre, mais par d'autres moyens plus modernes. Elles continuent et marchent sur les pas de leurs ancêtres, les grandes aventurières, pour d'autres besoins existentiels, d'autres luttes maintenant et à venir. Parce qu'il y aura toujours des choses à découvrir, à faire, à désirer, à aimer...
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Livre, Elles ont conquis le monde, publié chez Arthaud Poche