Les forêts médusées
Mon chat regardait fixement au dehors, il était bientôt 22h. La lune était pleine et animait la cour intérieure de son halo incandescent. Soudain, venu de derrière les toits, un magnifique cortège d'oiseaux fantômes. Il y en avait une centaine qui volaient côte à côte, dans le balaiement du vent, tous blancs immaculés. On aurait dit un rêve éveillé, tant rien ne semblait réél. Ils passèrent en quelques secondes dans le ciel auréolé de rose-orange-violet, s'en allèrent derrière d'autres toits. Mon chat en avait profité pour admirer le ciel étoilé; elle me regardait fixement dans ce carré lumineux que la Lune projetait. Les oiseaux revinrent, moins nombreux, mais toujours teintés de ce blanc, d'un voile transparent. Je pouvais presque sentir leurs battements d'ailes, le souffle du vent qui passait par-delà leurs plumes d'argent. Comme le ciel était beau à présent et comme la nuit s'intensifiait ! Les oiseaux passèrent comme un éclair et ne revinrent plus. Bouche bée, je les regardais s'éloigner; comme des âmes aux ombres projetées.