Les forêts médusées
Le mur est épinglé de nombreuses photographies, de nous, de tout. C'est la géographie de nos coeurs, ces grands voyageurs. L'ensemble forme un escalier, des marches comme une ascension vers une colline, le monument qui prend la forme d'un crayon. L'image la plus haute à droite, plus proche du coeur, raconte le départ, impossible départ pourtant si proche, le regard au lointain, vers l'avenir. Un peu plus loin, la famille, le questionnement. Partir, où ? Pourquoi nous quitter ?
Il y a cette part de mélancolie dans ces photos, pourtant pleines de sourires. Car derrière les sourires de circonstances, parfois le manque s'installe, la colère aussi. La distance n'a jamais été un frein, mais plutôt une tempête qui secoue les coeurs, les fragilise. Et puis il y a le départ, vers l'amour toujours, la terre nouvelle. Ne faut-il pas un jour partir pour se renouveller ?
Voilà toute l'histoire de ma vie. Voilà mon voyage et mon avenir qui se dessine sur un autre mur, fait de mots hasardeux, de dessins d'amoureux, d'épingles à cheveux. Dessous ces souvenirs, un manuscrit oublié dans un tiroir de plastique transparent.