Les forêts médusées

Banc Public

Banc Public

Au parc, sur l'un des bancs publics qui jouxtent le manège, je laissais divaguer les mots au travers de vieilles pages. Le vent les retournait pour moi. Je lisais sans même relever la tête, j'entendais les gens qui marchent le dimanche après-midi au parc. Ils marchent et lisent aussi. Non pas des pages anciennes, jaunies par le temps, la poussière qui s'égraine, mais un écran que l'on ne met jamais en veille, qu'on le veuille ou non, l'objet qui semble mêler l'utile à l'agréable. Parfois, des couples passent, tête baissée sur leur écran, tête à tête avec leur téléphone – ultra moderne solitude.


Dans mes vieilles pages à l'odeur de boiseries, un texte de Jean-Jacques Rousseau sur le Voyage à Pied, très approprié. Je ne peux que penser à nos promenades antérieures, à venir, mais aussi intérieures. La facilité que l'inconscient a de nous transporter d'un paysage à un autre, sans même se déranger. L'instinct de l'inconscient, d'une vie perpétuelle et d'une plénitude entière. Une promenade en solitaire, parfois peuplée d'êtres caricaturés, étranges et influençants.


Dans la vraie vie, si mon œil dévie de mon ouvrage, les êtres me paraissent influencés. Ils s'ignorent pourtant, marchent côte à côte, se dévisagent, mais ne se regardent pas vraiment. Ils sont indifférents et continuent leur chemin, en tapotant de longs monologues sur leur écran noir.


Le temps nous a oubliés, moi et mon livre, sur un banc public qui regarde passer le monde d'aujourd'hui.


 

Banc Public
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article